Depuis 2020, CentraleSupélec s'engage activement dans le développement durable, intégrant des enseignements axés sur le climat et l'économie décarbonée. Voici une tribune publiée par Pascal Da Costa, professeur de l'Ecole, référent développement durable : transitions énergétiques, écologiques et sociales à l'occasion des Rencontres du Développement Durables qui se sont tenues sur notre campus de Paris-Saclay le 11 octobre 2023.
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« La grande école d’ingénieurs CentraleSupélec participe depuis 2020 aux Rencontres du Développement Durable (RDD) organisées par l’Institut Open Diplomacy et ses partenaires hexagonaux. Cette participation coïncide avec ma nomination en tant que référent en matière de transition écologique dans l’école membre fondateur de l’université Paris-Saclay. Les analyses issues des RDD annuelles ont alimenté mes réflexions ainsi que les divers projets que nous avons, avec mes collègues et parties-prenantes, su mener à bien depuis quatre ans.
Appuyées sur une formation en Sciences humaines et sociales, mes recherches académiques traitent aujourd’hui de sujets à l’interface de l’économie et de l’ingénierie, comme la décarbonation de l’économie, les systèmes de mobilité durable, etc. Je suis donc sensibilisé à l’importance de la pensée holistique ou de la vision système, les seules à même de saisir la complexité des transitions actuelles, lesquelles mêlent des dimensions techniques, humaines et éthiques. Cette complexité nous imposait donc, à l’échelle de CentraleSupélec, d’aborder ces trois dimensions dans de nouveaux enseignements…
Cartographie des ODD
Revenons sur ces divers projets afin de partager notre expérience. Comment avons-nous procédé ? D’abord par des cartographies des 17 objectifs de développement durable onusiens, dans la formation ingénieur CentraleSupélec, ainsi que dans les publications de son centre de recherche. Ensuite, au regard de ces cartographies, par la création d’enseignements nouveaux principalement axés sur le dérèglement climatique, dans notre cycle ingénieur mais également dans les autres formations de l’école (bachelors, diplômes universitaires, Masters 2, formations doctorales, formations continues et exécutives). Et dans toutes ces formations par des enseignements nouveaux de natures variées (cours, conférences, projets, parcours, etc.).
Prochainement, les enseignements sur le climat et l’énergie décarbonées, aujourd’hui obligatoires pour tous nos étudiants, seront complétés par les thématiques du Vivant et des services écosystémiques, de la disponibilité des Ressources minérales et métalliques. Notre vision consiste donc à intégrer ce qu’on appelle les Limites planétaires dans nos diverses formations, et ce de façon graduelle en prenant le temps nécessaire pour construire solidement ces notions complexes.
Dans cette tribune, j’ai mis en avant des résultats positifs à CentraleSupélec, bien que des idées excellentes sur le papier soient restées au stade de purs projets et n’aient jamais abouti. Aussi mon conseil à l’attention des organisations « en transition » est simple : une fois que votre vision ou votre projet global semble clair et partagé en interne par un noyau dur, lancez-vous ! N’attendez pas une énième phase de validation qui permettrait de lever tout doute ou toute opposition. Prenez votre risque, car l’important est d’expérimenter, d’avancer pas à pas et, en cas d’insuccès, de se remettre à l’ouvrage.
Début 2023, CentraleSupélec a été labélisée DD&RS, pour Développement Durable et Responsabilité Sociétale, par son ministère et les acteurs issus du monde de l’enseignement supérieur participant à ce projet d’envergure nationale (Réseau national des responsables DD&RS ou circes). Ce référentiel fournit un cadre fouillé et complet en matière de D&RS, facilitant la construction d’un projet cohérent dans un établissement d’enseignement supérieur (selon des axes dits stratégiques, de formations, de recherches, etc.). L’obtention du label est une reconnaissance par les pairs pour CentraleSupélec, laquelle démontre la validité de l’approche retenue et des premiers résultats encourageants. Bien entendu, les axes de progrès demeurent nombreux et notre appartenance au réseau nous aide à les identifier.
L’engagement de l’école est par ailleurs sincère et partagé en son sein. Pour preuves :
1. Le nouveau plan stratégique à dix ans voté par son Conseil d'Administration en mars dernier, lequel place en première position les questions écologiques et de souveraineté européenne dans ses futures formations et recherches ;
2. La feuille de route dont se dotera cet automne l’école pour décarboner ses activités, après avoir consolidé ses bilans carbones trois ans de suite sur ses différents campus ;
3. Le récent projet de construction de bilans carbones personnalisés par chaque laboratoire de l’école, sur la base méthodologique de l’initiative Labos1point5.
Autant de projets cruciaux qui animeront la communauté de l’école dans les mois et années à venir, face aux enjeux écologiques contemporains, face aux crises et aux craintes multiples qui adviennent. L’action est salvatrice ou, à tout le moins, permet d’incarner l’espoir. L’espoir de participer, à notre niveau, au renouvellement de l’idée de progrès, idée du siècle des Lumières, pour le faire correspondre à la préservation du climat et des écosystèmes naturels, dans l’intérêt de nos générations futures. »
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