Initiée en 2019, la coopération entre l’Université de Nairobi, CentraleSupélec – Université Paris-Saclay et quatre écoles du groupe ParisTech – AgroParisTech, Chimie ParisTech – PSL, École des Ponts ParisTech et Mines Paris – PSL – prend forme avec la visite au Kenya d’une délégation de onze personnes.
CentraleSupélec – Université Paris-Saclay s’est rendue à Nairobi début juillet avec quatre écoles du groupe ParisTech pour participer aux premiers ateliers de lancement de l’accord tripartite signé à Paris le 11 mai dernier.
Dès 2019, CentraleSupélec a participé à l’étude de faisabilité pour la réalisation du Complexe de la Science et de l’Ingénierie (ESC) que l’Université de Nairobi souhaite construire sur son campus de Chiromo à Nairobi. Ce projet, financé par l’Agence Française de Développement, verra les Facultés d’Ingénierie et de Sciences et Technologies collaborer pour mieux former les ingénieurs dont le Kenya a besoin, en accord avec la stratégie nationale 2030. Dans un même lieu seront réunis l’enseignement, la recherche et l’innovation, en lien avec les entreprises et avec une forte internationalisation.
Plusieurs visites de travail ont eu lieu entre 2019 et 2022, de la partie française au Kenya et de la partie kényane en France, dont une réunion de travail sur le campus de CentraleSupélec en 2022, réunissant les écoles françaises et l’Université de Nairobi, laquelle souhaite construire l’ESC à l’image du nouveau campus de l’École sur le plateau de Saclay.
La construction de l’ESC se double d’un volet partage et transfert de connaissances entre les parties française et kényane. CentraleSupélec – Université Paris-Saclay et les écoles du groupe ParisTech travailleront avec l’Université de Nairobi sur cinq piliers : la gouvernance et le modèle économique du complexe, la recherche et l’innovation, la refonte des cursus, les relations avec les entreprises et l’internationalisation. Ce déplacement a permis l’organisation d’ateliers et de réunions avec les différentes Facultés – Ingénierie et Sciences et Technologies, mais aussi Agriculture, et Business et Management – et le Directorate of University Advancement & Institutional Development pour définir plus concrètement les actions à mener.
Ouverture par le Vice-Chancelier et l’Ambassadeur de France au Kenya
Le Vice-Chancelier de l’Université de Nairobi, Pr. Stephen Kiama, a ouvert la semaine en rappelant l’importance de cette coopération pour l’établissement, qui bénéficiait ainsi non pas d’un seul partenaire, mais de l’expertise de cinq écoles d’ingénieurs et d’une université françaises. L’Ambassadeur de France au Kenya et en Somalie, S.E. Arnaud Suquet, a ajouté que cet accord tripartite était le projet phare de la coopération universitaire française au Kenya et pose les bases d’une collaboration qui pourra être répliquée dans d’autres pays. L’ESC ouvre ainsi la voie à des mobilités croisées d’étudiants, doctorants, chercheurs, enseignants et personnels et au partage d’expériences pour la création de valeur au Kenya.
Alors que Bertrand Willoquet, directeur pays de l’AFD au Kenya, a souligné que ce partenariat était gagnant-gagnant et que le complexe respecterait les valeurs environnementales en application de l’Accord de Paris, le Vice-Chancelier Adjoint en charge des affaires académiques, Pr. Julius Ogengò, a rappelé l’enthousiasme et l’impatience de l’Université à travailler avec les entreprises pour former des ingénieurs à même de relever les défis du XXIe siècle.
Pr. Fethi Beidoui, directeur des relations internationales à Chimie ParisTech a relevé, au nom de la délégation française, le rôle de leader Est-africain de l’Université de Nairobi, engagée dans l’excellence en matière d’éducation, de recherche et d’innovation. Il a réitéré l’engouement des écoles françaises pour accompagner l’université kényane à atteindre ses objectifs.
Un programme dense et des ateliers constructifs
A la suite de cette séance inaugurale se sont tenus des ateliers et conférences consacrés aux piliers du projet. Une première demi-journée a permis de rapprocher les entreprises, en particulier les cinq qui se sont d’ores-et-déjà engagées à collaborer avec l’Université de Nairobi – TotalEnergies, Elgon Kenya, Bureau Veritas, Schneider Electric et Saint Gobain, du monde universitaire. C’était l’occasion de faire émerger les besoins des entreprises et les attentes de l’Université afin de les faire converger et de travailler ensemble à la formation des ingénieurs de demain. C’est sur ce pilier que CentraleSupélec, via sa Direction des Relations Entreprises et de la Valorisation, s’est déjà engagée. Plusieurs ateliers en ligne ont permis au personnel du Directorate of University Advancement & Institutional Development, en particulier l’équipe de Marc Zolver, expert technique international en poste depuis septembre 2022, de se former. Les activités de formation, à distance ou en présentiel, vont se poursuivre, afin de doter l’Université de Nairobi d’un service permettant de rapprocher le monde industriel de la formation et de la recherche.
La deuxième journée a permis d’échanger sur les thématiques recherche et innovation. En petits groupes, mixant des personnels des Facultés d’Ingénierie, de Sciences et Technologies, d’Agriculture et de Business et Management, les interlocuteurs ont réfléchi aux améliorations à apporter à la recherche de l’Université de Nairobi et aux pistes pour y parvenir, incluant par exemple la mobilité doctorale, les échanges d’enseignants-chercheurs, les séminaires conjoints ou encore le rapprochement avec les entreprises. En matière d’innovation, l’Université conduit déjà plusieurs actions, comme le C4D lab (Computing for Development) sur le campus de Chiromo ou le futur ATIC (Agricultural Technology and Innovation Center) financé par Elgon Kenya sur le campus de la Faculté d’Agriculture. L’enjeu est aujourd’hui de capitaliser sur ces initiatives pour renforcer les dispositifs innovation et entrepreneuriat à Nairobi.
Une troisième journée a été consacrée à un sujet d’envergure : la réforme des cursus. Les échanges en petits groupes ont permis de faire émerger diverses possibilités pour mieux former les ingénieurs dont le pays et la région ont besoin. Plusieurs scénarios se sont dégagés, de la rénovation des cursus existants à la mise en place d’un parcours d’excellence en cinq ans, en passant par la mise en place de modules transversaux applicables à différents cursus. Cette troisième journée a aussi été l’occasion de présenter la situation actuelle de l’internationalisation de l’Université de Nairobi. Anne Nkoidila, qui pilote la création d’une direction des relations internationales avec l’appui de Marc Zolver, a fait un panorama des collaborations existantes, des attentes et des opportunités de coopération. L’Université a d’ores-et-déjà répondu à l’appel Erasmus+ Mobilité Intra-Africaine en tant que coordinatrice d’un consortium d’universités sud-africaine (University of Witwatersrand), rwandaise (Université du Rwanda) et nigériane (University of Lagos), dont le partenaire européen est l’Université Paris Sciences & Lettres. CentraleSupélec, via son Pôle Relations Internationales, s’attachera, avec Chimie ParisTech et l’Université Paris-Saclay, à déposer un projet de Renforcement des Capacités auprès du programme Erasmus+. Ce sera l’occasion pour l’Université de Nairobi d’accroitre son vivier d’expertise grâce à d’autres partenaires européens, notamment des Alliances Européennes EUGLOH et EELISA.
La visite à Nairobi s’est terminée par une demi-journée de travail sur les relations entreprises-université et les actions ou outils à mettre en place, puis une demi-journée de conclusion à l’Ambassade de France, avec l’Ambassadeur et le Service de Coopération et d’Action Culturelle. Cette réunion était l’occasion de faire le point sur les actions à venir, dès la rentrée 2023.
Perspectives
La signature de l’accord à Paris en mai puis son lancement à Nairobi en juillet ouvrent la voie à la structuration de la coopération en binômes franco-kenyans ou en comités selon les piliers.
Dès l’automne, un deuxième atelier cursus permettra de faire converger les diverses options évoquées et d’étudier leur faisabilité pour l’Université de Nairobi. En octobre, les chercheurs des écoles et université françaises participeront aux séminaires de recherche annuels organisés par les Facultés de l’Université de Nairobi de façon à identifier les axes de coopération scientifique à privilégier. La Direction des Relations Entreprises et de la Valorisation de CentraleSupélec poursuivra son accompagnement du Directorate of University Advancement pour consolider les relations entreprises-université. Le Pôle Relations Internationales quant à lui débutera son travail sur la structuration d’un bureau des relations internationales capable de gérer la mobilité étudiante, doctorante, enseignante et de personnel, mais aussi la demande et la gestion de financements européens et internationaux.
La délégation est revenue enthousiaste quant à la coopération qui se structure avec l’Université de Nairobi et impressionnée par la richesse des échanges et le dynamisme des équipes. Le Complexe Science et Ingénierie est un formidable projet pour l’Université, pour la coopération universitaire franco-kényane, mais aussi pour les cinq écoles et l’université partenaires en ce qu’elle permet d’étendre leur présence sur le continent africain et en particulier l’Afrique de l’Est.